Le théâtre est d'abord un spectacle et un genre oral, une performance
éphémère, la prestation d'un comédien devant des spectateurs qui
regardent, un travail corporel, un exercice vocal et gestuel, le plus
souvent dans un lieu particulier et dans un décor particulier. Il n'est
pas nécessairement lié à un texte préalablement écrit ni publié.
Pour
comprendre ce qu'est le théâtre, et particulièrement pour saisir ses
évolutions les plus récentes, il convient donc de toujours mêler les
points de vue qui le constituent – les spectateurs, les metteurs en
scène, les dramaturges, les scénographes, les régisseurs, les acteurs,
les auteurs, les lecteurs enfin. Car le jeu du théâtre n'a cessé, depuis
les origines, de mobiliser des individus historiquement, socialement,
hiérarchiquement, topologiquement hétérogènes.
L'histoire longue
révèle que les choix des lecteurs, des auteurs, des acteurs et des
spectateurs ont considérablement varié et se sont, dans une même
période, généralement opposés. C'est aujourd'hui évident : après un «âge
d'or» du genre dramatique, le retournement contemporain d'un théâtre
sans illusion veut que le metteur en scène donne au spectateur quelques
matériaux à partir desquels ce dernier devra créer son propre point de
vue.
La situation du théâtre contemporain – une phase parmi d'autres
– se saisit dans une perspective qui mobilise les histoires de
l'architecture, de la littérature et de la voix, de la représentation et
de l'écriture, des esthétiques et des idéologies, du statut des acteurs
et de l'économie des loisirs. Une approche en quelque sorte à l'image
de certaines pièces : totale.
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